• Visite guidée - octobre 2010

    Nous avions rendez-vous dans la cour des Maristes avec les élèves et les profs qui vont nous faire visiter le lycée.
    « Les maristes ça vient du verlan, Sainte Marie »

    Nous savions que l'entrée principale du Lycée des Maristes se situait montée St Barthélémy, mais sans savoir vraiment à quelle hauteur.
    « Si on cherche les maristes quand on est en ville, c'est facile, c'est là où il y a les arbres, et là où on ne voit pas les bâtiments »


    La présence d'un bâtiment en béton plus bas que ces voisins marquent que nous sommes au bon endroit. 14h00, nous gravissons un escalier monumental sous un passage voûté où nous attendent dans la cour d'honneur Madame Betschen et Monsieur Gaucherand. Ils nous proposent de faire une première visite des lieux.

    Rotation à 360° dans la cour d'entrée. L'intervention de Georges Adilon est partout, présente à toutes les échelles, un escalier dans l'entrée, un vitrail sur la baie vitrée qui donne sur la rue, une corniche rapportée en béton pour créer un abri et marquer le seuil, des huisseries ordonnées mais toutes singulières, un garde corps ondulant comme une sculpture… La tête tourne... Rien n'est laissé au hasard. Les mouvements de dessin sont partout. L'œuvre de Georges Adilon est quasi-totale.

    Tout est travaillé. Tout... sauf une chose; la signalétique. Aucun écriteau, aucune indication pour renseigner. On apprendra que la volonté de pères et de Georges Adilon fut de considérer ce lieu comme une maison, et non comme un bâtiment impersonnel. En arrivant vous trouverez toujours quelqu'un pouvant vous indiquer ce que vous cherchez.
    « En fait, il y a souvent confusion lorsqu'ils disent la maison car on pense qu'ils parlent de chez nous alors qu'ils parlent du lycée »
    « Ici de gens habitent et sont prêts à vous accueillir, c'est comme si tu entrais dans un jardin et que tu allais sonner à la porte de chez quelqu'un, on t'accueille et on te montre le chemin ou on t'accompagne à l'endroit où tu désires te rendre »


    Passé l'entrée, nous empruntons l'escalier menant à la cour des premières. Nous apprenons que chaque division a son lieu de vie, sa classe, sa cours, son préfet. Notre promenade allait alors se conduire au rythme des divisions.
    « Ici c'est la cour des premières, chaque division a son lieu de vie c'est un choix pour éviter la massification, tout n'est pas dans tout »
    « Ici ça va on peut circuler. Nous par exemple les redoublants, on vient voir les copains en première. Par contre au collège, c'est pire: 4 cours avec 3 éducateurs et 1 surveillant par cours.»


    Les premières ont leur bâtiment, leur cours et leur terrasse ; une jetée, comme un quai sur la ville, un espace-temps à l'arrêt. Georges Adilon s'est battu avec la ville et l'architecte des bâtiments de France pour que cette terrasse puisse se faire. Des mois de discussion auront été nécessaire pour contourner les règles d'urbanisme au profit des nécessaires usages d'ouverture et de vue de cette cour. C'est à cet endroit précisement d'ailleurs que nous comprenons le jeu architecturale entre l'ancien, l'existant et les futures interventions de l'architecte.
    « Ici nous avons les deux gardes corps, l'ancien et le nouveau, les deux dialogues, l'architecture est un mille feuille, on ne rase pas tout »

    Nous poursuivons notre chemin en direction de la cour des secondes. Au passage nous croisons le bâtiment des toilettes et des fontaines, pensés par Georges Adilon. Expérimentation aussi pour sure, mais à y regarder de plus près, pas très fonctionnelle.
    « Même les toilettes, c'est de l'architecture. Aucun endroit n'est pareil, les toilettes aussi sont tous différents même si des fois ça pue »


    Avant de continuer de grimper d'une cour à l'autre, nous longeons et rentrons dans un bloc de béton froid sans fenêtre. C'est la salle d'audio visuel. Un lieu totalement à part, sombre, humide autant que curieux.  Plus haut, la terrasse des secondes, lieu baigné de lumière, plein de verdure, ouvert, offrant un point de vue sur Lyon inédit pour nous, dans les toits du quartier Saint Paul. Une découverte exceptionnelle, unique où la ville est comme une masse flottante, prenante et captivante.
    « Nous arrivons ici, à la mer,
    ce sont les élèves qui appellent cet endroit comme ça »
    « Ici, l'ouverture sur la ville, c'est comme une télévision
    » 
    « Sur les gardes corps, on fait de la balançoire, on se pose, on discute. D'ailleurs ce garde corps, ce n'est pas Adilon qui l’a fait »
    « Ici, c'est la mer
     car les rambardes en fer forgées font penser à des vagues »

    En surplomb, nous pouvons observer le bâtiment des premières avec ses enduits et ses couleurs (le béton brut & l'enduit à la chaux). Chaque fenêtre est différente comme si elles nous rappelaient que chaque élève l'est aussi. Après lecture, c'est exactement pour cette raison qu'elles le sont.
     « Chaque élève est différent, mais la mode tant à les rendre homogènes »
    « On a tendance à cataloguer les gens et c'est un tord »


    Nous longeons le grand réfectoire où l'on mange comme à la maison, le self ici n'existe pas, les enfants sont servis à table, « pour préserver au maximum les temps de partages »

     Après l'étape des secondes, et le passage par le grand réfectoire, nous montons en division dans le territoire des Terminales. Un grand plateau comme suspendu dans la pente, balcon, un autre, sur la ville. « La vue est superbe, ça évite d'avoir à acheter des cartes postales  » . Nous découvrons le bâtiment en partie construit sur les anciennes fondations d'une chapelle. et pour l'autre partie elle a intégré les anciens bâtiments de la famille Puylata.

    Plus loin, au fond, se cache un petit local vitré dit « l'aquarium » où bullent les professeurs. Un lieu singulier où les néons jouent et dansent avec l'espace créant une perspective accélérée, un objet artistique.  « C’est une réelle co-construction avec le père Perrot. En fait pour être franc, ici c'est le père Perrot qui a poussé Adilon pour qu'il soit plus audacieux »

    De là nous rejoignons le réfectoire des professeurs, qui lui, n'a jamais été rénové. Ici, finalement, c'est une sorte de mémo pour ne pas oublier que les interventions de Georges Adilon sont totales. Il repensait en fait les fenêtres, le mobilier, le travail des sols, les objets, les luminaires, les poignées de portes. A côté, La salle des conseils en est un parfait exemple. « Et si les poignées de porte sont toutes très basses, c'est parce qu'Adilon voulait que chaque fois que l’on ouvre une porte, on se demande pourquoi.»

    Nous poursuivons dans l'escalier principal intérieur. Surpris que les escaliers ne soient pas encloisonnés comme le demande les normes incendie, nous comprenons de nouveau que Georges Adilon et le Père Perrot ont dû imposer leurs points de vue pour obtenir gain de cause. Ces hommes se sont tous deux, engagés pour défendre la conception qu'ils avaient d'un lieu collectif d'apprentissage, au delà même de leur responsabilité et du cadre de la loi. « Ce qui est cool dans cet endroit, c'est que les escaliers grincent »

    Nous faisons notre entrée dans la bibliothèque « silencieuse et studieuse »; Nous nous faufilons sans bruit découvrir cet espace de travail autant que de contemplation. Il nous semble évident qu'on peut venir ici pour autre chose que travailler. Des coursives étroites et courbes comprises entre deux façades vitrées longent les deux arbres qui semblent avoir percé la bibliothèque. Un sol noir et des murs blancs épais se jouent avec des trouées d'où émergent des arbres, sentiment de basculer, légère et oppressante. pas d'indifférence. Quelques chaises posées attendent la trêve, les rêveurs et les observateurs du jour.  
    « Le rythme des ouvertures de la façade se composent comme une mélodie. Adilon travaillait d'ailleurs toujours en musique »
    « Je ne peux passer dans les coursives vitrées, y a trop de matière, cela m'oppresse.
    »

    Le dernier étage de l'ensemble du lycée est occupé par le gymnase et le stade. Un stade sur un toit ?! C'est un bâtiment très récent. Georges Adilon a en effet travaillé pendant 40 ans au côté du père Perrot à la réalisation de ce lycée. De là, nous voyions les différentes cours, se succéder aussi les différents temps de la frise chronologique du projet. Travail construit étapes par étapes en fonction des discussions et des nécessités : un fait rare en architecture !
    « Les gardes-corps font de jolies vagues
    et cela me fait penser à du gaudi. » « on dirait un paquebot » « Je me crois au bord de  la méditérranée »

    Redescendus des hauteurs, nous sommes invités à entrer dans le théâtre et la chapelle, lieux non visibles de l'extérieur ; deux pépites d'architectures que l'on voudrait nous cacher, lieux secrets réservés. Nous avons le sentiment de pénétrer dans le cœur du bâtiment. « C'est le seul endroit où il y a de la couleur, tout le reste est noir et gris ou gris et noir » Face à l'autel, un immense hublot, l'éclair de lumière comme si rien d'autre n'existait. De l'autel partent de nombreux cercles concentriques, onde de propagation. de l'autel, s'articulent des jeux des courbes qui unifient l'espace. « Ici, c'est la relation avec dieu. Depuis qu'il y a jésus, il y a des règles dans la construction. Adilon déroge à ces règles et c'est réussi. » « Aucune chapelle a un plafond aussi bas, de toute façon elle est trop sombre, on ne voit rien du tout. Il aurait pu mettre des vitraux comme dans les autres chapelles »

     

    « Ce lycée est un labyrinthe, il y a pleins de portes et pleins de chemins » « Ce qui est différent dans ce lycée et qui est plutôt bien, c'est que pour aller d'une salle à l'autre on passe par dehors, il n’y a pas de couloirs »


     


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